A.L.I.S. dans les médias

ASSOCIATION ALIS – AGENCE IMMOBILIERE A VOCATION SOCIALE

L’association Alis, agent historique de l’immobilier social

Les missions ne sont pas nouvelles, depuis 20 ans, elle accompagne le public en difficulté de logement. Le profil des locataires a changé car la précarité a pris un nouveau visage. Son champ d’intervention est devenu régional

Ils sont jeunes, retraités, isolés, à la tête d’une grande famille ou parents divorcés, le public qui pousse la porte de chez Alis *, rue Campinchi, a changé. Pas tous n’ont le même profil mais ils connaissent aujourd’hui la même difficulté : le mal ou le manque de logement. »J’entends souvent des personnes dire qu’ils ont besoin d’une aide dans la recherche d’un bien. Me dire, confuses, « mais moi je travaille », comme si elles craignaient la stigmatisation », explique Pierre Calassa, le directeur adjoint de cette structure historique qui aide à l’insertion par l’habitat des publics en difficulté. Une seule ambition qui se décline en deux actions : le soutien associatif d’un côté et le rôle d’agent immobilier à vocation sociale de l’autre. « Depuis la création de la collectivité unique, nous sommes identifiés comme la seule de l’île. »

450 personnes logées sur le territoire

Depuis plus de vingt ans, sous l’impulsion notamment de la loi Besson, l’association Alis s’est positionnée sur le territoire de la Haute-Corse, avec le soutien des politiques publiques. Chaque année, près de 500 dossiers sont examinés, près de deux cents biens privés compilés dans le catalogue Alis et pas moins de 450 personnes vivent dans un bien qui répond à tous les critères. « On s’est donné les moyens d’occuper ces deux créneaux qui se complètent. » Une façon de pallier le manque de logements sociaux, en rouvrant les volets de ces biens fermés de la région bastiaise, du Cap Corse, du Nebbiu et même de la Balagne, avec des contraintes supplémentaires selon les territoires. « Confier son bien à notre association, c’est devenir un propriétaire solidaire au service des plus précaires », poursuit le directeur, toujours à la recherche, avec son équipe de 15 salariés, de nouveaux bailleurs privés. Pour les convaincre, ils posent sur la table l’atout garanti : « Nous disposons d’une très bonne assurance qui permet de couvrir d’éventuels impayés ou dégradations, ce qui rassure le propriétaire. Et puis, une fois par an, l’ensemble des locataires reçoit une visite de notre équipe pour évaluer le bien. » Pour les menus travaux, au quotidien, un binôme de techniciens intervient à moindre coût pour entretenir l’appartement et faire diminuer les factures des locataires. Une formule gagnant-gagnant.

Formule gagnant-gagnant propriétaire et locataire

Alors que Pierre Calassa décline les dispositifs, une femme, la soixantaine, se présente à l’accueil. « Je cherche un appartement en centre-ville avec un budget maximal de 450 euros. J’ai entendu parler de l’association alors je suis venue. J’ai tenté car je ne trouve rien. » La particularité de cette agence sociale c’est d’intervenir lorsque le futur locataire a des revenus trop faibles pour prétendre décrocher un bail via les agences classiques ou lorsque le prix du marché est supérieur à ses capacités financières. C’est aussi l’assurance de chasser les vendeurs de sommeil et de proposer au « bon prix » des biens conformes à la location.
En s’arrêtant sur la situation de Yamina, l’équipe commencera par consulter son dossier, analysera ses ressources, elle vérifiera si les prestations sociales auxquelles elle peut prétendre ont été déclenchées. Dernière étape : sélectionner le logement qu’elle pourra supporter financièrement. « Il ne s’agit pas de les mettre dans un bien qu’ils ne pourront pas payer dans quelques mois. »
Tout au long de la démarche, en prenant compte des besoins des propriétaires et des attentes des locataires, Alis fait la promesse d’une gestion locative adaptée. « Comme toute agence, on doit veiller aux droits et aux devoirs des locataires. » Pour un bien proposé par Alis, compter en moyenne 100 euros de moins sur le prix mensuel du loyer.

« Les publics que nous épaulons s’en sortent »

« Au début de l’association, nous étions positionnés sur des plans d’aides publiques réservés aux personnes défavorisées. Mais à l’heure actuelle, de nombreux foyers ne peuvent plus passer par des agences immobilières classiques. Et dans la majorité des cas, je peux affirmer que tous les publics que nous épaulons s’en sortent. Certains changent de bien et nous continuons à les accompagner. »
Biens libres (30%) ou appartements conventionnés avec l’Ana (70%), les deux se retrouvent dans le même catalogue. Permettant ainsi une sortie progressive du dispositif aux locataires. Tremplin pour les uns, unique solution pour d’autres, la force d’intervention d’Alis auprès des privés met en exergue les problématiques exacerbées d’une population qui s’est paupérisée au fil des années. Nouvelle démonstration de la précarité insulaire.
Désormais, l’ambition du directeur d’Alis est de gagner une place sur le marché sudiste. « Mais nous ne sommes pas des concurrents », précise-t-il. L’association est une solution complémentaire pour tous les publics, confrontés à des étapes de la vie, parfois plus difficiles à surmonter. À ce jour, 70% des biens privés confiés à Alis se situent dans la région bastiaise, le reste est éclaté dans les autres microrégions.
Si le turn-over, à l’instar des logements sociaux, est faible, dans le catalogue Alis, des nouveaux T2 ou T3 s’ajoutent régulièrement. Mais aucun n’est vacant.
Faudrait-il développer la stratégie Alis ? Pour Pierre Calassa, la seule nécessité est de trouver un équilibre territorial. Dupliquer ce modèle pour offrir une nouvelle chance de se loger à tous les insulaires.

Julie QUILLICI-ORLANDI

*Accès au logement et à l’insertion sociale.

Tous bailleurs sociaux !

En marge des classiques Office publics de l’habitat (OPH), Erilia et autres Logirem. Pour encourager la croissance du nombre de logements à loyers modérés, la Haute-Corse compte sur l’action collective, fait le pari des constructions nouvelles mais se tourne aussi vers les propriétaires de maisons et d’appartements vacants. Et c’est à l’association Alis – Accès au logement et à l’insertion sociale – d’accomplir le travail au sein du parc privé. La feuille de route est conforme aux missions de la structure financée par le Conseil général de Haute-Corse et par l’État. « Nous avons pour objet de permettre l’insertion par l’habitat des publics en difficultés en favorisant l’accès au logement autonome », résume Pierre Calassa, directeur technique d’Alis. Le succès de l’opération repose sur une stratégie de cohérence.

Alis s’est donné les moyens de se décliner en deux versions : «Nous sommes à la fois une association et une AIVS, c’est-à-dire une agence immobilière à vocation sociale », précise le directeur technique. Cette caractéristique conduit, par définition, « à mobiliser des logements, en particulier dans le parc privé, en vue de les mettre à disposition des populations à faibles revenus dans le cadre d’un bail de droit commun ». La bonne méthode destinée à « fournir des logements à un prix abordable » fait appel à la fois « à des techniques immobilières professionnelles et à une déontologie propre au secteur de l’économie sociale ». Elle s’applique sur l’ensemble de la Haute-Corse, « notre département de compétences ».

Une image de rentier à revoir

Dans son portefeuille, l’agence porteuse d’un modèle différent, compte désormais 160 biens. La diversité caractérise le patrimoine locatif. L’idée d’une superficie type est exclue. le panel immobilier est ouvert. L’association s’intéresse aussi bien au studio qu’à la maison individuelle. Elle se place à la hauteur d’attentes variées. L’accès au logement est marqué par une succession d’histoires singulières, car « nous avons affaire à tout type de composition familiale, aussi bien des personnes seules que des familles nombreuses. Il n’existe pas de spécificité à ce niveau-là », constate Pierre Calassa.

Le dispositif tend à se fondre dans l’espace urbain. Bailleurs et locataires se focalisent sur Bastia et sa périphérie. La convergence observée correspond au « bassin de population où se trouvent le plus grand nombre de logements disponibles et de besoins. Le phénomène est diffus dans cette portion du territoire comme ailleurs. Il n’y a pas un quartier ou un lieu davantage ciblé qu’un autre ». Le marché immobilier conventionnel ou alternatif opère en synergie avec les zones attractives en matière d’emploi et d’économie. Il ne fabrique pas de ghettos ni de refuge pour ceux qui n’ont pas les moyens. Le parc privé fait le lien avec la mixité sociale. En parallèle, l’agence s’est aussi positionnée à Corte, en plaine orientale, dans certains villages et au-delà « dans tout le département ».

La Balagne, en revanche est assimilée à un secteur géographique « plus tendu », avec en filigrane une forte pression touristique. Là, la préoccupation majeure est de trouver des logements vides tout au long de l’année, tandis que « la demande locative existe. » Quelle que soit l’adresse du F2 ou du F5, l’agent immobilier intervient selon les mêmes modalités, en prenant grand soin de maintenir un équilibre gagnant-gagnant pour chaque acteur concerné. Aux propriétaires résolus à réviser à la baisse « dans des proportions raisonnables » leurs prétentions financières, l’AIVS propose « une gestion adaptée et sécurisée de leur bien. »

Des personnes âgées isolées

L’orientation met en évidence des mesures compensatoires à l’image d’une « garantie des loyers impayés,d’une assurance dégradation. » Elle comprend également des « avantages fiscaux pertinents » et contient l’idée d’une réappropriation. Car posséder un bien immobilier ne signifie pas vivre dans l’opulence. De l’avis de Pierre Calassa, quelques mythes sont en train de s’effondrer. Le visage socioculturel du rentier s’est modifié : «L’image du propriétaire prospère, avec plusieurs appartements est désuète », assure-t-on. Le détenteur d’un bien n’échappe ni à la pression des prêts immobiliers, ni aux mécaniques des crises financières. « Très souvent nous sommes confrontés à des personnes dont les revenus ne dépassent guère ceux de nos locataires. Nous tâchons de trouver la meilleure adéquation entre leurs préoccupations et celles du futur locataire et de procéder en bonne intelligence. »

Pour cette catégorie de possédants, il est parfois très difficile de subvenir aux frais d’entretien de leur bien. Alors, en contrepartie de leur penchant social et d’un loyer encadré, l’Avis bastiaise aide à monter des dossiers de réhabilitation. En règle générale, l’approche se solde par « des subventions majorées ».

« Nous prenons en charge toutes les démarches nécessaires en vue de la mise en location du logement dans les meilleures conditions », insiste le directeur technique. Le programme renvoie à la constitution de dossiers mais aussi « à une évaluation technique de l’état du bien, à la mobilisation des financements et des primes appropriées ainsi qu’au suivi des travaux de rénovation ». Les acteurs associatifs jouent la carte de la qualité, du confort et de la vigilance. « Il serait impensable de proposer un appartement indécent à un locataire. Notre objectif est de lutter contre toutes les formes de précarité. Par exemple installer quelqu’un dans un logement mal isolé reviendrait à ajouter des charges en créant une problématique énergétique en plus .»

L’association se concentre sur la création d’un environnement favorable. Celui-ci ira dans le sens du rebond positif. Les locataires de l’Adis affichent un profil comparable : «Ce sont des gens fragilisés à un moment de leur parcours. » Dans le groupe se côtoient, entre autres, « de jeunes célibataires à la recherche d’un premier emploi, des titulaires du revenu de solidarité active (Rsa), des personnes âgées isolées, des familles monoparentales avec un ou plusieurs enfants. Tout dépend ». Tous refusent de rester vulnérables à perpétuité. Ils veulent conquérir leur autonomie et aller de l’avant.

Mais tous « ont aussi besoin d’un coup de pouce. Nous sommes là pour leur remettre le pied à l’étrier et non pour les assister », développe Pierre Calassa. L’association a perçu la nécessité de juxtaposer au logement un accompagnement de plus grande envergure. Elle a de la ressource : « Nous comptons parmi nous aussi bien des gestionnaires, des bricoleurs, des assistantes sociales, des médiatrices énergie. Ce qui nous permet d’accompagner nos locataires au quotidien, en cas de problème d’ordre administratif par exemple. De cette manière nous évitons les non-dits, les dossiers incomplets, les formulaires non remplis, un tas de petites choses toutes simples, de nature pourtant à provoquer des blocages de situation et à multiplier les tensions », explique le directeur.

Les membres de l’association jouent un rôle utile entre les murs de la résidence. « Nous avons la possibilité, à notre niveau, de réaliser de petites réparations s’agissant de la plomberie, de l’électricité. Les coûts s’en trouvent réduits ». Certains locataires aspirent à des visites plus fréquentes. Les membres d’Alis reconnaissent l’existence de spécificités dans ce registre.

Bons rapports de voisinage

Ils ont donc mis en œuvre un suivi sur – mesure : « Nous nous adaptons à chaque personne. Nous ne verrons certaines personnes qu’une ou deux fois. D’autres, en revanche, ont davantage besoin d’être épaulées que d’autres, en particulier s’ils vivent leur première expérience dans un logement autonome. Ils vont réclamer une présence plus régulière afin d’acquérir les bons automatismes domestiques. Dans tous les cas nous sommes à leur disposition ».

Les recommandations portent sur la ventilation du logement, le bon usage d’une chaudière, par exemple. Le plus souvent les interventions ont une durée déterminée dans le temps. « Somme toute, ces situations restent normales. Nous sommes loin du locataire qu’il faudrait porter à bout de bras pendant une longue période », estime le directeur.

Dans le schéma destiné à promouvoir l’insertion, l’échange domine. La vision de l’avenir relève d’un pacte. On évolue dans une dynamique de progrès ensemble. « Nos locataires ont des droits mais aussi des devoirs », insiste Pierre Calassa. La relation nouée implique « le paiement régulier du loyer, un entretien méticuleux du logement. Il convient de préserver de bons rapports avec le voisinage, de respecter les différentes clauses du contrat. Comme un locataire classique d’ailleurs. »

Une fois ces conditions remplies, le bail est reconduit « tant que les critères d’attribution s’appliquent à la situation du locataire, tant que ses revenus le justifient ».

Pour bénéficier des services de l’AIVS, il faut en faire la demande, comme on le ferait auprès des autres bailleurs sociaux. La requête sera ensuite soumise à une évaluation sociale. L’analyse prend en compte une série de critères inscrits dans une grille établie par l’Agence nationale de l’habitat – Anah. Le locataire éligible au dispositif sera ensuite reçu dans les locaux d’Alis. Il y affinera son projet immobilier. « Nous ne mettrons pas une personne dans un logement dont elle ne pourra pas payer son loyer dans quelques mois. Il ne s’agit pas d’ajouter des handicaps.» La visite de l’appartement sera organisée dans la foulée. Les délais sont rapides. « L’intérêt est de loger la personne et de verser un loyer au propriétaire. Nous ne proposons que des logements disponibles sur le champ ».

Comme dans une transaction classique, mais avec trois mois de loyer d’avance en moins. « Nous ne poursuivons aucun but lucratif, nous n’avons pas d’obligation de résultat. La finalité de notre action est d’apporter une aide utile à un moment donné et non d’entrer en concurrence avec les autres agences immobilières », commentent les acteurs associatifs. À terme le locataire sera amené à « rejoindre le droit commun » et le parc immobilier conventionnel.

L’AIVS bastiaise n’aura été « qu’une étape dans son parcours résidentiel. »

Véronique Emmanuelli

Comment devenir locataire d’un logement lorsqu’on est en difficulté financière ou sociale ?

Alis (Accès au logement et à l’insertion sociale) est une association loi 1901 implantée à Bastia depuis 20 ans. Son objet est d’accompagner les publics défavorisés dans leur recherche de logement. Mais pas que.

Depuis quelques années, grâce au soutien des politiques publiques, la seule agence immobilière sociale de Corse a un champ d’intervention régional.

Pour la toute première fois, hier matin, une permanence de l’association Alis a eu lieu en Balagne, à Calvi. Pour ce baptême, le directeur Pierre Calassa était accompagné de sa médiatrice Sociale-Energie, Violaine Gerbal, et d’un agent de captation immobilière, Regis Albertini. Une deuxième permanence doit avoir lieu ce matin (voir ci-dessous).

« Pour qu’une agence immobilière classique vous loue un bien, il faut gagner environ trois fois le montant du loyer, explique Pierre Calassa. C’est une question d’assurance face au risque d’impayés locatifs. En tant qu’organisme social, nous n’avons pas la même grille de critères et tolérons que 50 % du salaire suffisent à payer le loyer. Bien sûr, nous avons des assurances qui permettent aux propriétaires d’être sereins. »

L’association loge environ 400 personnes en Haute-Corse, uniquement dans du parc privé. Elle travaille en complémentarité avec les institutions mais ne s’occupe pas des parcs de logements sociaux HLM.

Lutte contre la précarité énergétique

L’autre volet du travail d’Alis est le conseil et l’accompagnement (des locataires ou des propriétaires) dans la lutte contre la précarité énergétique.

« Nous nous déplaçons dans les logements pour faire un prédiagnostique, assure Violaine Gerbal, la médiatrice Sociale-Energie. Nous accompagnons ensuite les demandes de devis à des entreprises labellisées et agréées par l’État. Les offres Agir + d’EDF et les offres de l’Anah sont prises en compte. Alis maîtrise bien ce dispositif précarité énergétique car nous l’avons mis en place il y a 10 ans. »

À Calvi, selon les données d’Alis, la demande de logements sociaux serait nettement supérieure à l’offre. C’est dans ce cas de figure que l’agent de captation immobilière entre en piste.

« Il faut parfois négocier avec les propriétaires pour qu’ils acceptent de louer à un public modeste, détaille Régis Albertini. Pour les convaincre, nous mettons en avant nos assurances et le côté solidaire de notre démarche. »

« Nous allons nous faire connaître des agences immobilières classiques, complète Pierre Calassa. Nous pourrons ainsi être leur relais lorsque les clients ne matchent pas vraiment les critères. »

L’association prévoit de revenir régulièrement en Balagne. Aussi souvent que le besoin se fera sentir.

J.-F.P.

Une agence immobilière pas comme les autres en Haute-Corse

L’association Alis – action au logement et à l’insertion sociale – a un rôle d’agent immobilier à jouer. A quelques nuances sociales près toutefois. La méthode s’appuie sur le parc privé. Elle vise des loyers abordables et un accord gagnant-gagnant avec les propriétaires.

Tous bailleurs sociaux ! En marge des classiques Office publics de l’habitat (OPH), Erilia et autres Logirem. Pour encourager la croissance du nombre de logements à loyers modérés, la Haute-Corse compte sur l’action collective, fait le pari des constructions nouvelles mais se tourne aussi vers les propriétaires de maisons et d’appartements vacants. Et c’est à l’association Alis – Accès au logement et à l’insertion sociale – d’accomplir le travail au sein du parc privé. La feuille de route est conforme aux missions de la structure financée par le Conseil général de Haute-Corse et par l’État. « Nous avons pour objet de permettre l’insertion par l’habitat des publics en difficultés en favorisant l’accès au logement autonome », résume Pierre Calassa, directeur technique d’Alis. Le succès de l’opération repose sur une stratégie de cohérence.

Alis s’est donné les moyens de se décliner en deux versions : «Nous sommes à la fois une association et une AIVS, c’est-à-dire une agence immobilière à vocation sociale », précise le directeur technique. Cette caractéristique conduit, par définition, « à mobiliser des logements, en particulier dans le parc privé, en vue de les mettre à disposition des populations à faibles revenus dans le cadre d’un bail de droit commun ». La bonne méthode destinée à « fournir des logements à un prix abordable » fait appel à la fois « à des techniques immobilières professionnelles et à une déontologie propre au secteur de l’économie sociale ». Elle s’applique sur l’ensemble de la Haute-Corse, « notre département de compétences ».

Une image de rentier à revoir

Dans son portefeuille, l’agence porteuse d’un modèle différent, compte désormais 160 biens. La diversité caractérise le patrimoine locatif. L’idée d’une superficie type est exclue. le panel immobilier est ouvert. L’association s’intéresse aussi bien au studio qu’à la maison individuelle. Elle se place à la hauteur d’attentes variées. L’accès au logement est marqué par une succession d’histoires singulières, car « nous avons affaire à tout type de composition familiale, aussi bien des personnes seules que des familles nombreuses. Il n’existe pas de spécificité à ce niveau-là », constate Pierre Calassa.

Le dispositif tend à se fondre dans l’espace urbain. Bailleurs et locataires se focalisent sur Bastia et sa périphérie. La convergence observée correspond au « bassin de population où se trouvent le plus grand nombre de logements disponibles et de besoins. Le phénomène est diffus dans cette portion du territoire comme ailleurs. Il n’y a pas un quartier ou un lieu davantage ciblé qu’un autre ». Le marché immobilier conventionnel ou alternatif opère en synergie avec les zones attractives en matière d’emploi et d’économie. Il ne fabrique pas de ghettos ni de refuge pour ceux qui n’ont pas les moyens. Le parc privé fait le lien avec la mixité sociale. En parallèle, l’agence s’est aussi positionnée à Corte, en plaine orientale, dans certains villages et au-delà « dans tout le département ».

La Balagne, en revanche est assimilée à un secteur géographique « plus tendu », avec en filigrane une forte pression touristique. Là, la préoccupation majeure est de trouver des logements vides tout au long de l’année, tandis que « la demande locative existe. » Quelle que soit l’adresse du F2 ou du F5, l’agent immobilier intervient selon les mêmes modalités, en prenant grand soin de maintenir un équilibre gagnant-gagnant pour chaque acteur concerné. Aux propriétaires résolus à réviser à la baisse « dans des proportions raisonnables » leurs prétentions financières, l’AIVS propose « une gestion adaptée et sécurisée de leur bien. »

Des personnes âgées isolées

L’orientation met en évidence des mesures compensatoires à l’image d’une « garantie des loyers impayés,d’une assurance dégradation. » Elle comprend également des « avantages fiscaux pertinents » et contient l’idée d’une réappropriation. Car posséder un bien immobilier ne signifie pas vivre dans l’opulence. De l’avis de Pierre Calassa, quelques mythes sont en train de s’effondrer. Le visage socioculturel du rentier s’est modifié : «L’image du propriétaire prospère, avec plusieurs appartements est désuète », assure-t-on. Le détenteur d’un bien n’échappe ni à la pression des prêts immobiliers, ni aux mécaniques des crises financières. « Très souvent nous sommes confrontés à des personnes dont les revenus ne dépassent guère ceux de nos locataires. Nous tâchons de trouver la meilleure adéquation entre leurs préoccupations et celles du futur locataire et de procéder en bonne intelligence. »

Pour cette catégorie de possédants, il est parfois très difficile de subvenir aux frais d’entretien de leur bien. Alors, en contrepartie de leur penchant social et d’un loyer encadré, l’Avis bastiaise aide à monter des dossiers de réhabilitation. En règle générale, l’approche se solde par « des subventions majorées ».

« Nous prenons en charge toutes les démarches nécessaires en vue de la mise en location du logement dans les meilleures conditions », insiste le directeur technique. Le programme renvoie à la constitution de dossiers mais aussi « à une évaluation technique de l’état du bien, à la mobilisation des financements et des primes appropriées ainsi qu’au suivi des travaux de rénovation ». Les acteurs associatifs jouent la carte de la qualité, du confort et de la vigilance. « Il serait impensable de proposer un appartement indécent à un locataire. Notre objectif est de lutter contre toutes les formes de précarité. Par exemple installer quelqu’un dans un logement mal isolé reviendrait à ajouter des charges en créant une problématique énergétique en plus .»

L’association se concentre sur la création d’un environnement favorable. Celui-ci ira dans le sens du rebond positif. Les locataires de l’Adis affichent un profil comparable: «Ce sont des gens fragilisés à un moment de leur parcours. » Dans le groupe se côtoient, entre autres, « de jeunes célibataires à la recherche d’un premier emploi, des titulaires du revenu de solidarité active (Rsa), des personnes âgées isolées, des familles monoparentales avec un ou plusieurs enfants. Tout dépend ». Tous refusent de rester vulnérables à perpétuité. Ils veulent conquérir leur autonomie et aller de l’avant.

Mais tous « ont aussi besoin d’un coup de pouce. Nous sommes là pour leur remettre le pied à l’étrier et non pour les assister », développe Pierre Calassa. L’association a perçu la nécessité de juxtaposer au logement un accompagnement de plus grande envergure. Elle a de la ressource : « Nous comptons parmi nous aussi bien des gestionnaires, des bricoleurs, des assistantes sociales, des médiatrices énergie. Ce qui nous permet d’accompagner nos locataires au quotidien, en cas de problème d’ordre administratif par exemple. De cette manière nous évitons les non-dits, les dossiers incomplets, les formulaires non remplis, un tas de petites choses toutes simples, de nature pourtant à provoquer des blocages de situation et à multiplier les tensions », explique le directeur.

Les membres de l’association jouent un rôle utile entre les murs de la résidence. « Nous avons la possibilité, à notre niveau, de réaliser de petites réparations s’agissant de la plomberie, de l’électricité. Les coûts s’en trouvent réduits ». Certains locataires aspirent à des visites plus fréquentes. Les membres d’Alis reconnaissent l’existence de spécificités dans ce registre.

Bons rapports de voisinage

Ils ont donc mis en œuvre un suivi sur – mesure : « Nous nous adaptons à chaque personne. Nous ne verrons certaines personnes qu’une ou deux fois. D’autres, en revanche, ont davantage besoin d’être épaulées que d’autres, en particulier s’ils vivent leur première expérience dans un logement autonome. Ils vont réclamer une présence plus régulière afin d’acquérir les bons automatismes domestiques. Dans tous les cas nous sommes à leur disposition ».

Les recommandations portent sur la ventilation du logement, le bon usage d’une chaudière, par exemple. Le plus souvent les interventions ont une durée déterminée dans le temps. « Somme toute, ces situations restent normales. Nous sommes loin du locataire qu’il faudrait porter à bout de bras pendant une longue période », estime le directeur.

Dans le schéma destiné à promouvoir l’insertion, l’échange domine. La vision de l’avenir relève d’un pacte. On évolue dans une dynamique de progrès ensemble. « Nos locataires ont des droits mais aussi des devoirs », insiste Pierre Calassa. La relation nouée implique « le paiement régulier du loyer, un entretien méticuleux du logement. Il convient de préserver de bons rapports avec le voisinage, de respecter les différentes clauses du contrat. Comme un locataire classique d’ailleurs. »

Une fois ces conditions remplies, le bail est reconduit « tant que les critères d’attribution s’appliquent à la situation du locataire, tant que ses revenus le justifient ».

Pour bénéficier des services de l’AIVS, il faut en faire la demande, comme on le ferait auprès des autres bailleurs sociaux. La requête sera ensuite soumise à une évaluation sociale. L’analyse prend en compte une série de critères inscrits dans une grille établie par l’Agence nationale de l’habitat – Anah. Le locataire éligible au dispositif sera ensuite reçu dans les locaux d’Alis. Il y affinera son projet immobilier. « Nous ne mettrons pas une personne dans un logement dont elle ne pourra pas payer son loyer dans quelques mois. Il ne s’agit pas d’ajouter des handicaps.» La visite de l’appartement sera organisée dans la foulée. Les délais sont rapides. « L’intérêt est de loger la personne et de verser un loyer au propriétaire. Nous ne proposons que des logements disponibles sur le champ ».

Comme dans une transaction classique, mais avec trois mois de loyer d’avance en moins. « Nous ne poursuivons aucun but lucratif, nous n’avons pas d’obligation de résultat. La finalité de notre action est d’apporter une aide utile à un moment donné et non d’entrer en concurrence avec les autres agences immobilières », commentent les acteurs associatifs. À terme le locataire sera amené à « rejoindre le droit commun » et le parc immobilier conventionnel.

L’AIVS bastiaise n’aura été « qu’une étape dans son parcours résidentiel. »

Véronique EMMANUELLI

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